Souvenirs Souvenirs Ep. 6 - Karla Sutra

Elle aime se souvenir des bons moments. Autour d’une table généralement, là où elle se sent à l’aise depuis enfant. Aujourd’hui elle fournit et collabore avec beaucoup de chef.fe.s et restaurants, créant des souvenirs pour les gens. Et ça, on trouve ça épatant. Discussion Souvenirs, Souvenirs avec l’artiste Karla Sutra, dans son appartement parisien du 18ème arrondissement.

Peux-tu nous raconter ton métier ?
Je suis artiste. Je fais des illustrations érotiques adaptées à des supports qui permettent de créer des illusions d’optique. Tout est basé sur le principe du trompe l’oeil. Il y a l’art de la table, le carrelage et l’architecture d’intérieur avec mes artisans basés en Catalogne, et pour particuliers et restaurateurs. Je suis à la fois créative et directrice de ma petite entreprise Karla Sutra.

Foulard Combat Belleville / Verre en collab avec Amélie Pichard / Verre à vin dégustation dans le Jura “Le nez dans le vert” / Limonadier “Verre Volé” paris / Étiquette pour bouteille “Orgie” de Marius Bielle et Les chemins de l’Arkose.

Il t’arrive souvent de collaborer avec d’autres entités.
Oui, il m’est arrivé de collaborer avec de nombreux chefs, restaurants, mais aussi des marques comme un de mes derniers projets en date avec le Rhum Eminente. J’ai collaboré récemment avec Amélie Pichard aussi. Ce que j’aime dans mon métier, c’est de pouvoir être libre, de pouvoir travailler de partout. Je me créé des bureaux un peu partout où je suis. Je fais des rencontres exceptionnelles via mon métier.

Tu es basée à Paris ?
Oui. Je suis originaire de Paris, mais j’ai grandi dans le sud de la France à Perpignan. Ma famille est catalane et j’ai gardé cette identité.

Spécial design pour mon ami le talentueux Thomas Chisholm, son restaurant Chocho à Paris et son plat vraiment adapté à l’assiette surprise le “Plat à saucer” / CD revue de presse à écouter en lisant

Quel est ton rapport au voyage ?
C’est l’une des choses les plus importantes de ma vie. Depuis mes vingt ans, j’ai passé toute une décennie à voyager. J’ai quitté les CDI pour pouvoir voyager, c’est ce mode de vie que je voulais avoir à long terme qui a amené à développer Karla Sutra. Je suis souvent entre Paris, où j’ai mon studio, et le sud de la France pour recharger les batteries et aller voir mes artisans.

Quel est ton rapport aux produits dérivés ? Quel genre de lieu te donne envie d’acheter du merch ?
Je souhaite garder un souvenir, de ce jour là, de cet endroit. Je ramène un souvenir concret de tout ça. C’est ce que je trouve intéressant dans le merch de restaurant. Cette temporalité, de créer une existence physique à un moment.

Bol création spéciale pour Gramme 11 de Marine Gora et Romain et Alexis Tellier, j’ai bossé, à la demande de Marine autour du bol de céréales et du lait / Le livre de recettes Gramme, les photos par les talentueux de Social food / Packaging des foulards de soie en collab avec Pâme

Tu achètes donc un souvenir ?
Oui. Quand tu revois l’objet, ça te renvoie au moment, aux personnes rencontrées et à l’effet que ça t’a fait. Ou alors parce que j’aime le design, le logo car je reste une illustratrice.

Tu peux donc acheter une pièce de merch sans avoir de lien affectif avec le lieu ?
Oui, possible.

Passion merch de musées ! Boîte bonbons banane Andy Warhol / Carte postale Guggenheim New York / Mon carnet de voyage “I AM A MAN” (Oeuvre contre la ségrégation de Glenn Ligon, 1988 ) acheté au MoMa / Appareil photo caleïdoscope du MoMa aussi / Oeuvre inspirante “Tendre secret” JMO venant de la Maison Rouge à Paris / Assiette “surprise Seinte”

Tu porterais du merch d’un lieu où tu n’est jamais allée ?
Ça dépend si il y a une histoire derrière ou pas. Si c’est un cadeau de quelqu’un que j’aime par exemple. Ou si j’ai trouvé cette pièce dans une fripe.

Si tu pouvais choisir une seule pièce de merch issue de toutes tes pérégrinations ce serait laquelle ?
La boîte d’allumettes du bar Grandfather’s à Tokyo.

Chaussettes Combat Belleville, peinture de @dalbissin

Tu as le souvenir d’une collection de merch qui t’a marquée ces dernières années ?
Je ne veux pas vous flatter mais la collection du Bistrot Paul Bert je la trouve bien faite. Un bon équilibre entre le côté traditionnel de l’institution et une approche plus moderne, notamment sur le t-shirt Le Bistrot Tontine avec la reprise du logo de l’assiette Paul Bert et l’illustration dans le dos.

Qu’est-ce qui t’a amené à travailler autant avec des restaurants ?
Déjà j’ai grave la passion bouffe. Je suis une enfant des restos, via le travail de ma mère. La gamine qui se promène dans tout le restaurant et qui s’endort sur la table, c’était moi. Les gens qui mangent, ça me rassure. Ça m’évoque tous ces dîners de mon enfance. Pour une conversation importante, je vais souvent allé au restaurant. C’est là où je me sens à l’aise.

Sauces Mashi et livre de cuisine des amis de feu Shirley Garrier et Mathieu Zouhairi les talentueux de The Social Food! / porte baguettes “come on me” / Vase by @solo.chaud

Tu as travaillée en restauration ?
Oui, pour financer Karla Sutra et voyager j’ai travaillé notamment au Georges, à l’Hôtel Costes, puis j’ai été manager à l’Hôtel Grand Amour. J’ai aimé travaillé en équipe, essayer de faire en sorte que ça se passe bien, avec de bonnes ondes, même si c’est un milieu difficile. J’ai rencontré beaucoup de gens avec qui je collabore aujourd’hui. Il y a aussi des hasards de la vie comme le chef Thomas Chisholm qui est un ami de longue date, qui m’a fait confiance au moment d’ouvrir son restaurant Chocho à Paris. Je suis aussi proche de mes amis d’enfance Shirley et Mathieu de The Social Food, qui m’ont aussi pas mal aidée. Au final Karla Sutra s’est développé de manière super naturelle.

Par la suite tu as beaucoup été contactée pour collaborer.
Oui, il y a notamment Margot de Combat qui m’a contacté, mais aussi des lieux à Bordeaux, en Allemagne, Bangkok, au Japon.

Kimono de restaurant trouvé dans une fripe à Tokyo

La première fois que j’ai vu ton travail c’était pour le restaurant Haikara à Paris.
C’est vrai, j’avais fait des bols pour le chef Sho Miyashita et son dessert : « la fraise érotique ».

Si tu avais la possibilité de créer ton produit de merch rêvé, peux-tu nous le décrire ?
J’aimerai bien travailler sur un projet de « fine dining » et créer des pièces qui prolonge la vision de chef.fe.s, et en y incorporant un peu de culs partout. En ce moment je développe des saucières et des porte couteaux par exemple.

Serviette Haikara Deep Fried / Assiettes et bols “surprise”

Tu portes le merch que tu crées ?
Oui, carrément.

Si tu devais prendre un item sur le site GiftShop ce serait quoi ?
La chemise Lipp.

Tee-shirt Haikara Deep Fried

Tu as déjà volé du merch ?
C’était en Suisse, à Genève. Il y avait un festival qui célébrait… la vulve. « Viva la vulva », un mec m’a tendu un t-shirt en me demandant si c’était à moi. J’ai dit « oui, grave ».

Ton last meal ?
Le pop-up Chungking Noodles et Haikara Deep Fried.

Et le prochain ?
Le pop-up de Ha’s Dac Biet à New York, je pars demain !

Menu du dîner mon solo show par Marine Gora / Party Intime par le meilleur @phamilyfirst 2022 / Menu de l’incroyable restaurant Pujol, CDMX / Boîtes d’allumettes Septime Paris et Grandfather’s Tokyo / Papier du magasin de matos d’art sur 5 étages à Tokyo (paradis) SEKAIDO / céramique offerte par l’oncle de Sho Miyashita à l’occasion de la découverte de la fabrication des sobas chez lui près du Mont Fuji / Sous-verre “Flowery Booty”

Mots : Julien Pham
Photos : Mathieu Lebreton